Dans quelques semaines, ça fera un an que tu entrais dans nos vie. Petit être tout frais et rose de 2kg960, tu m’as regardé avec tes grands yeux bien ouverts et à cette toute première seconde, j’ai su que je t’aimais.
Après une grossesse très angoissante (j’ai failli de perdre à 25sa et tu as failli arriver bien trop tôt à 32sa), j’étais sur mon petit nuage. Tu étais là enfin, en dehors de ce corps qui n’arrivait pas à te faire ta place. J’allais pouvoir veillez sur toi, te materner, te dorloter. Rapidement, tu as pris une jolie couleur jaune poussin et tu on as été s’installer dans une « unité kangourou » pour que tu puisses bronzer tout nu dans une couveuse bleue et retrouver une belle peau de petit cochonnet tout rose.
Cette jaunisse est probablement ce qui t’as sauvé la vie.
Tu n’avais que 3 tout petits jours quand tu as fait ton malaise. D’un coup, tu as arrêté de respirer. En quelques secondes tu étais devenu tout bleu, les alarmes bipaient dans tous les sens, j’étais complètement paniquée. La puéricultrice de garde est arrivée une toute petite minute plus tard, qui m’a paru une éternité. Elle savait exactement quoi faire et en moins de 30 secondes tu hurlais à plein poumons. Comme je regrette de n’avoir pas noté son nom, j’aurais aimé lui dire comme tu es devenu au beau et grand bébé.
Elle est partie au bout du couloir chercher la pédiatre des soins intensifs, tu t’es de nouveau senti mal, tu était tout mou dans nos bras. La pédiatre t’as ausculté et t’as remis dans ta couveuse pour t’emporter aux soins intensifs. Quel choc, quel cauchemar… je t’ai suivi comme ça, en chaussettes et pyjama, hagarde. Ton papa a rassemblé quelques affaires à toi et nous as rejoint au bout de 5 minutes. Le diagnostique du RGO sévère a été posé, tu as fait un malaise à cause de la douleur, l’acide de ton estomac te remontait dans ta gorge et t’avais brûlé. Tu as reçu la première dose de médicament, ton lait a été transformé en véritable purée tellement la dose d’épaississant était élevée. J’ai du te laisser pour la nuit, mais je n’ai pas trouvé le sommeil. A 3h du matin je suis venue prendre de tes nouvelles. Tu avais refais un autre malaise, mais on s’était occupé de toi tout de suite. Tu avais bien bu ton biberon et tu dormais à poings fermés. Je qui restée un moment à te regarder dormir dans ta petite boîte et j’ai pris conscience de la fragilité extrême de la vie.
En plus de cette immaturité du système digestif, les médecins ont détectés une immaturité respiratoire, qui explique également la gravité des malaises. Nous sommes restés en tout 12 jours à la maternité, le temps pour toi d’apprendre à respirer avec moins de pauses. J’ai apprivoisé les médicaments, le lait épaissi… je savais débrancher et rebrancher ton monitoring, je lisais les tracés d’ECR comme si j’avais fait médecine.
La sortie à été joyeuse (tu allais suffisamment bien maintenant) mais très angoissante. Pour la première fois depuis ton malaise tu allais devoir vivre sans le précieux monitoring qui t’avais sauvé la vie. J’ai demandé comment je devais faire, j’ai exprimé ma peur que tu t’arrêtes à nouveau de respirer, je voulais vraiment entendre que tu ne risquais plus de refaire de malaise. A la place, on m’a répondu « dormez à côté de lui, si il s’arrête de respirer vous l’entendrez ». Je crois qu’il m’a fallu trois mois et un appareil de monitoring grand public pour arriver à dormir plus de 30 minutes d’affilé. Encore maintenant j’allume l’Angel Care pour la plus petite des siestes et à la moindre petite fièvre, au moindre petit rhume, je passes les nuits à tes côtés pour mieux t ‘écouter dormir.
Ne m’en veut pas mon bébé d’être angoissée et d’avoir du mal à te faire confiance, c’est juste que ta maman t’aime.