Cette première année qui tire sur sa fin a été marqué par ton combat contre le RGO. Mis sous Raniplex et Gaviscon dès la néonat, tu n’as heureusement jamais eu le temps d’associer les douleurs à l’alimentation et tu as toujours toujours toujours adoré ton biberon. En un an je crois qu’il y en a à peine une douzaine que tu n’as pas bu jusqu’à la dernière petite goutte, jusqu’au « schouip-schouip » du bibi vide (ce qui explique les bonnes joues à bisous !)
Et pourtant, ta vie n’a pas été de tout repos. Si ton appétit a été sans faille, ton sommeil a par contre été chaotique au possible. Les deux premiers mois, tu ne dormais que dans nos bras, en petit koala, lové entre mes seins ou sur le torse de papa. Au moindre mouvement tu te réveillais, encore fatigué, grognon. Nous avons donc effectué un relai-canapé où nous te gardions sur nous pratiquement nuit et jour. Je te déposais dans ton lit 4 petites heures, de 2 à 6 environ, pour m’effondrer, mais tu gémissais de douleur dans le sommeil et ça me fendait le cœur de te laisser souffrir tout seul. Certaines nuit j’ai dormi d’un œil seulement, assise sur mon lit avec toi dans mes bras. Je ne sais pas comment j’ai tenu avec si peu de sommeil, sans aucune nuit, avec juste des siestes. Je crois tout simplement que je n’avais pas le choix. Ton papa était un zombie hirsute et mal rasé, puisqu’il prenait le tour de garde jusque 1h du mat pour se relever à 6h pour partir travailler. Heureusement la valse des papys-mamies était quotidienne et gérait les courses, le ménage, les bons petits plats tout prêts déposés dans le frigo.
Puis la pédiatre a changé ton traitement, désormais ce serait Inexium à la place du Raniplex et toujours du Gaviscon. Nous avons bricolé un lit proclive à quasiment 30°, tu as eu plusieurs séances chez l’ostéophate. On a testé des laits pour finalement revenir au premier. A l’approche des 4 mois, les coliques ont décrues et tu as commencé à faire quelques morceaux de nuit, 4 à 5h d’affilée, presque sans gémissement, mais la journée c’était toujours impossible de te faire dormir plus de 30 min et chaque mini sieste était précédée de pleurs déchirants. A ce moment là, je me suis écroulée. Trop de stress, trop de fatigue, je me suis pris la DPP en pleine face.
Les mois passaient et les pleurs continuaient. A chaque endormissement dans ton lit tu hurlais pendant 20, 30 minutes. Tu as du encaisser mes sautes d’humeur, mes cris en réponse à tes pleurs. Tu manquais toujours de sommeil, tu pleurais des heures par jour, tu ne t’endormais jamais sans pousser des hurlements. J’ai du te bricoler des culottes à scratch pour te maintenir dans ton lit, avec le poids (dodu dodu…) tu glissais tout en bas de ton énorme pente. Tout le monde considérait que tu allais bien parce que tu grandissais bien et que tu faisais un bon poids. Et moi je souffrais le martyr et je pleurais à mon tour en t’entendant pleurer parce que j’étais persuadée dans mon petit cœur de maman que tu pleurais de douleur. Je devais me battre contre la dépression mais ta souffrance et l’incompréhension de l’entourage on rendu les choses vraiment pas faciles. Ma seule bouée a été Dominique, la puéricultrice de la PMI, qui est passée toutes les semaines, mêmes parfois deux fois par semaine pour m’écouter, me soutenir, me conseiller. Elle a appelé la pédiatre pour appuyer mes dire pour que je puisse grappiller une augmentation de la dose de médicament, car je sentais bien que ça n’allait pas comme ça aurait du, que tu gardais les symptômes de la douleur là ou avec l’Inexium tu n’aurais plus du avoir que la gène des régurgitations intempestives.
Je n’ai pas lâché, jamais, même quand ton papa s’est rallié à l’avis de la pédiatre.
La pédiatre a supprimé ton traitement quand tu as su te mettre assis. Au fil des jours ton état se dégradait, tu pleurais la nuit, tu pleurais en prenant tes biberons, il était devenu impossible de te changer tellement tu hurlait allongé. Ton papa mettais tout sur le compte de tes dents (c’est vrai que tu en as sorti 4 d’un coup…). La pédiatre a fait un chantage : le médoc contre une ph-métrie. Nous avons refusé. Toi, mon bébé précieux, anesthésié pour t’enfoncer un tuyau dans la gorge puis sanglé à ton lit pendant 24h ? Pourquoi une telle torture ? Au bout de deux semaines, j’ai craqué, je t’ai pris sous le bras et direction les urgences en prétextant une suspicion d’otite et une pédiatre indisponible. Pas d’otite bien sûr, mais des hurlements stridents en position allongé. L’urgentiste, pragmatique, propose de remettre le traitement 15 jours, à dose max (donc bien plus forte qu’avant) pour voir si ça change quelquechose ou pas : « ça fait plus de 6 mois qu’il en a, on est plus à deux semaines près… ». Et là miracle. A forte dose (1 sachet complet par jour) l’Inexium fonctionne du tonnerre ! Ton papa a du admettre que oui, finalement, j’avais raison. Tu fais des nuits de 10h ou plus, des siestes sont de plus en plus longues. La vie commence enfin.
Le lit proclive de Baptiste à 4 mois.
A toutes les mamans de bébé RGO, battez vous. Ne lâcher rien. Un traitement adapté ça change la vie. A ce jour il ne régurgite pratiquement plus, nous avons tenté une diminution de l’Inexium quand il a réussi à se mettre debout mais il a recommencé à régurgiter. Il n’y a même pas eu besoin de demander cette fois, la pédiatre a prescrit d’elle un mois de plus pour t’en donner jusqu’à ce que tu saches marcher. Visiblement, elle a compris qu’elle m’avait mal jugé. Je suis une maman flippée, certes. Ultra flippée même. Mais je te connais mieux que personne. Je t’aime mon bébé <3